Le Conseil national cède face au lobby du tabac et ne protège pas la jeunesse

Le GLAJ-GE avait pris position, signé et promu l’initiative populaire fédérale “Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac“. Voici le communiqué de presse du CSAJ à ce sujet :


Le Conseil national renonce à une protection efficace de la jeunesse en permettant la publicité des produits du tabac. En conséquence, l’initiative populaire «Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac» ne peut pas être retirée. Si le Conseil des Etats n’améliore pas le projet, ce sera à la population de se prononcer.

En 2016, le Parlement a décidé que l’économie de marché libre avait plus d’importance que la protection de la jeunesse et a renvoyé la loi sur les produits du tabac au Conseil fédéral. Dans la mesure où le Parlement n’a pas su instaurer de loi sur les produits du tabac apportant une protection particulière aux enfants et aux jeunes, de nombreuses organisations du secteur de la santé, de la jeunesse, des sports et de l’enseignement ont lancé une initiative populaire afin d’assurer enfin la protection nécessaire des enfants et des jeunes. Cette démarche est plus nécessaire que jamais car les chiffres actuels sont alarmants. En effet, une étude de l’hôpital pédiatrique de Zurich récemment publiée révèle que 36% des enfants du canton de Zurich âgés de 13 à 17 ans fument occasionnellement ou régulièrement. Pour le groupe des 16 – 17 ans, ils sont même 60% des garçons et 70% des filles.

L’initiative populaire «Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac» a été déposée à l’automne 2019 et le Conseil des Etats a entendu le message. Il a intégré des dispositions en faveur d’une protection de la jeunesse plus efficace et pris parti pour le respect des exigences minimales de la Convention-cadre de l’OMS pour diminuer la consommation de tabac.

La population est en faveur d’une interdiction de la publicité pour le tabac

Toutefois, la majorité du Conseil des Etats a suivi l’argumentation selon laquelle l’économie de marché libre primait sur la protection des jeunes avec une proposition (similaire à la proposition de la majorité de 2016) qui irait jusqu’à renoncer à la protection de la jeunesse. Et ce bien que les exigences de l’initiative ne seraient que partiellement prises en compte avec la version du Conseil des Etats.

Au Conseil National, les débats ont cité plusieurs chiffres alarmants: «80% des fumeuses et des fumeurs ont commencé à fumer alors qu’ils étaient encore mineurs. 9500 personnes meurent prématurément parce qu’elles consomment du tabac. Avec 15% des décès en Suisse, les conséquences de la consommation du tabac constituent la cause de mort évitable la plus importante.» Plusieurs parlementaires ont déclaré que la protection de la jeunesse comme indégnable. Malheureusement, le projet a désormais été tellement affaiblit avec des propositions allant dans le sens d’une libéralisation de la publicité qu’il ne peut plus être question de protection de la jeunesse.

Ainsi, le Conseil national s’est décidé comme suit : 
• Pour les médias gratuits digitaux ou papier, le Conseil national aimerait maintenir l’autorisation de publicité, malgré le fait que les enfants et les adolescents font un grand usage d’internet et des journaux gratuits. 
• Le Conseil national aimerait faciliter encore davantage la promotion des ventes pour ces produits par rapport aux cigarettes. Cependant, selon une étude, plus de 45% des garçons de 16 ans fument chaque semaine des e-cigarettes.

Le Conseil national opte ainsi pour un projet présentant de graves lacunes en termes de protection de la jeunesse,  avec une politique laxiste sur la publicité dans les journaux gratuits, sur Internet et concernant la promotion des ventes pour les nouveaux produits du tabac. La décision du Conseil national de ce jour contraste de plus fortement avec l’avis de la population qui, selon une très récente enquête, serait en faveur d’une interdiction totale de publicité pour le tabac.

Source : Communiqué de presse 8.12.2020 du CSAJ